Composer avec la Lavande, jouez sur les contrastes…

Composer avec la Lavande, jouez sur les contrastes…

Comme j’aime à le répéter, l’art du parfum semble si proche de la musique, de la peinture et de tant d’autres disciplines artistiques, qu’il suffit parfois d’une exposition pour nous redonner l’inspiration. Je me souviens de celle du peintre Sonia Delaunay qui se tenait au palais de Tokyo durant l’hiver 2015. Il y avait une toile qui avait attiré mon attention, « le danseur de flamenco » (1916. Huile sur toile).

Construite à partir d’aplats de couleurs vives contrastées, je restai un long moment à la regarder et je me dis : « Les couleurs jaune, « lavande », rouge en opposition créent un relief » ; l’artiste elle-même dit « un rythme ». En moi-même je pense : « cela s’applique tellement bien au parfum… Par le contraste entre les notes, il se crée un mouvement, une danse »… Cette pensée, vous la retrouverez dans mon livre, « Aux sources du parfum », mais j’avais envie d’en parler à propos de la lavande. La lavande est fraiche, aromatique, fougueuse en tête puis « suave » à l’évaporation …

Quand vous voulez créer un parfum, si vous cherchez le mouvement, le contraste, alors, vous l’accordez avec la rose ou le géranium (note rosée également) car ces notes sont en opposition olfactivement, comme en opposition de « couleur », violet / rouge… Vous combinez par exemple les compositions Bergamote / Lavande / Rose ou Géranium.

Voir mes tutos sur ce lien : https://abcduparfum.fr/project/la-composition-lavande-comment-lutiliser-dans-vos-parfums/ Si vous cherchez le contraste fraicheur lavande et douceur vanille, alors vous combinez les compositions Lavande / Vanille. C’est la magnifique idée de « Pour un Homme » de Caron. Et enfin, si vous combinez les compositions Bergamote / Lavande / Rose ou Géranium / Vanille cela est encore plus « beau ». C’est l’accord des parfums dit « Fougère » (du nom de « Fougère Royale de Houbigant, 1882). Ce Parfum si emblématique a donné une longue lignée, « Pour un Homme » de Caron, mais plus près de nous, « Brut » de Fabergé (très respecté par la profession) ou encore « Le Mâle » de JP Gaultier (Francis Kurkdjian). Alors, bonne composition, bonne création…

A la semaine prochaine. Marina Jung Allégret Directrice ABC du parfum.

LA TENDANCE PARFUM FEMININ

LA TENDANCE PARFUM FEMININ

Cette année, les parfums ont très nettement joué la féminité … De nombreux Floraux, et la « Fleur d’Oranger » plus précisément. Oui, il est temps de faire de cette matière première, une note profonde, de la considérer comme osée, sensuelle, provocante même. Fini, la fleur de la virginité, de la fraîche Cologne, de la couronne de mariée. Cette fleur dit enfin sa richesse et son ambiguïté. Sa complexité.

Petit retour en arrière. Dans la famille du Bigaradier, on trouve le fruit, la feuille et la fleur. Autant dire que « Tout est bon dans l’Oranger ». De la fleur, on tire une huile essentielle nommée « Néroli » que l’on distingue d’un autre nectar extrait par l’intermédiaire d’un solvants organiques et que l’on appelle « absolue ».

En résumé, une fleur, deux « essences », le néroli et l’oranger absolue. Deux produits qui n’ont pas du tout la même composition et de fait pas la même portée; deux parfums différents. Autant le néroli est « zesté », frais, « vert », et convient à l’accord vif de la Cologne; autant l’absolue est rond, profond, animalisé, presque « sexuel ». N’est-ce pas stupéfiant de découvrir ce que produit la nature ?


Dans notre domaine qu’est l’art du parfum, de nombreux artistes ont cette année été inspirés:

Carlos Benaïm et Anne Flipo ont créé « Libre » pour femme Yves Saint laurent, une fleur d’oranger légèrement zestée, fruitée, aérienne, soutenue par une autre fleur blanche, le Jasmin, et à peine douce, miellée et musquée. Mais Dominique Ropion avait ouvert le bal avec « L’interdit » de Givenchy, une étude à la fois audacieuse (un excès d’anthranilate de methyle) et d’une perfection toute personnelle. Une diffusion époustouflante. Ces deux parfums remarquables ne doivent pas nous faire oublier les intemporels, le « Jean Paul Gaultier classique », très doux et gingembre ainsi que « Cinema » d’Yves Saint Laurent du même Jacques Cavalier.

Eternelle Fleur d’oranger sans cesse revisitée.